Investiture du gouvernement : cette intervention remarquable de Christelle Vuanga

Investiture du gouvernement : cette intervention remarquable de Christelle Vuanga
Christelle Vuanga députée nationale (crédit tiers)

Lors de la plénière kilométrique pourtant sur l'approbation du programme d'actions du gouvernement et de son investiture, les élus nationaux ont formulé plusieurs recommandations et posé moult questions à la première ministre Judith Suminwa.

Parmi les élus à prendre la parole, la députée nationale Christelle Vuanga a relevé le manque de concrétude dans ce programme.

Ci-dessous l'entièreté de son intervention.

« Honorable président, les différentes images qui nous parviennent de l'Est du pays démontrent les différentes violations des droits humains. Des images insoutenables. Des enfants égorgés, des femmes violées, des villages décimés et nos compatriotes se retrouvent dans des camps des déplacés. Même là, ils ne sont toujours pas en sécurité. En lisant le programme de madame la première ministre, je n'ai pas saisi la politique gouvernementale de la sécurisation de nos compatriotes dans les camps des déplacés. Et dans cette politique, je voudrais bien savoir : est-ce qu'aujourd'hui on peut dire depuis le mois de janvier jusqu'à nos jours, combien y-a-t-il eu de femmes égorgées ? Combien y-a-t-il eu de villages décimés ?

Dans ce même registre, le recensement. Le recensement scientifique, honorable président, chers collègues, dans une nation les citoyens ne sont pas que des noms et des post-noms. Les citoyens sont aussi des numéros. Des numéros qu'ils acquièrent à la naissance et perdent à leur mort. Il y a grand penseur économique qui a dit que la population accroît de manière géométrique et subsistances qui s'en suivent de manière arithmétique.

Nous voulons travailler sur l'emploi des jeunes, combien y-a-t-il de jeunes ? Combien y-a-t-il de personnes handicapées ? Nous voulons la promotion de la femme, combien y-a-t-il de femmes ? Combien y-a-t-il d'enfants ? Aujourd'hui nous tablons sur des suppositions. Mais en réalité, on ne peut rien faire si nous n'avons pas de statistiques fiables de notre population.

Honorable président de l'assemblée, honorables députés chers collègues,

Concernant la revisitation du contrat chinois, ce contrat léonin, madame la première nous dit que ce contrat pourrait nous rapporter 12 000 kilomètres de routes, sachant que la RDC a besoin de 55 000 kilomètres de routes nationales et de 90 000 kilomètres de routes de desserte agricole. Je voudrais savoir, c'est quoi l'impact de 12 000 kilomètres de routes et savoir d'où proviendront ces fonds. Est-ce de ce dossier litigieux qu'on a avec la Sicomines ? Ou c'est la continuité du contrat que nous avons avec cette entreprise.

Bien de collègues ont parlé sur l'agriculture. Mais j'aimerais dire que l'agriculture c'est aussi la culture. Avant de travailler la terre il faut apprendre à l'aimer. C'est aussi une action du gouvernement. Il faut apprendre à nos enfants dès le bas âge à aimer l'agriculture. Lorsqu'on lit le programme, on remarque qu'il y a beaucoup de théories, beaucoup d'ateliers, beaucoup de formations. Mais,  on ne doit pas oublier que nos ancêtres nous ont légué des techniques agricoles. Il est inadmissible de constater qu'à l'époque nos ancêtres pouvaient produire du très bon riz à Bumba et qu'aujourd'hui chaque année nous attendons le riz provenant du Japon, qui est qualitativement inférieur à notre riz. Il faut se le dire. Comment est-ce possible qu'un pays qui a appris à la Malaysie comment faire la culture et produire l'huile de palme et aujourd'hui la Malaysie est patronne dans ce domaine. Donc c'est une interpellation madame la première ministre.

Enfin, la formation professionnelle. Je remarque dans le programme que nous sommes figés lorsqu'on parle de la formation professionnelle : coupe et couture, menuiserie, hôtellerie... C'est noble et c'est bien. Mais il faut nécessairement que l'on adapte aussi nos formations professionnelles à nos ressources. Il est inadmissible qu'on aille chercher des jeunes sud-africains pour travailler dans nos mines, au Katanga par exemple, parce que nous n'avons pas réussi à former nos enfants sur la connaissance de nos ressources. Pourquoi pas de formations sur l'or, le diamant, le cobalt ou le coltan ? C'est très important.

Honorable président,

Sans le chemin de fer le Congo ne vaut aucun pays. Madame la première ministre, j'ai remarqué que vous avez gardé le projet métro Kin. Je pense qu'on ne vous intimide pas avec les éléphants blancs. Il faut apprendre à simplifier les choses compliquées et non de compliquer les choses simples. Kinshasa a d'abord besoin de ses trains urbains. Commencez d'abord par là. C'est après cela qu'on peut avoir d'autres projets, faramineux peut-être, irréalisables peut-être, mais Kinshasa a d'abord besoin de ses trains urbains.

Chers collègues,

J'ai lu et relu ce projet, ce programme. Il y a beaucoup de théories, beaucoup de chiffres mais peu d'indicateurs. Madame la première ministre, si l'on vous demande, après 5 ans, à quel niveau ce programme propulsera-t-il la RDC avec des indices bien définis en matières de pauvreté, de lutte contre la corruption ou sur le plan alimentaire, que répondriez-vous ? »

 

Eddy Kazadi