République Démocratique du Congo : un état sans rêve ni volonté ! (tribune de Ndosimau B. Eric)

République Démocratique du Congo : un état sans rêve ni volonté ! (tribune de Ndosimau B. Eric)

« Les déséquilibres ethniques, la démotivation des officiers, la gestion anarchique et sentimentale des ressources humaines au sein de nos forces armées accélère la déliquescence, actuelle des FARDC et suit le même cheminement que la débâcle des forces armées zaïroises devant les forces de la coalition des pays voisins et de l’AFDL en 1997 ; le délitement de notre société et des antivaleurs prônées par le système ont raison de la cohésion nationale et de la discipline au sein de l’armée congolaise : Les généraux trichent sur les effectifs ; La Garde Républicaine (GR), de plus en plus mono-ethnique, dispose d’une logistique impressionnante et compte dans ses rangs entre 5000 et 8000 hommes, le gros des troupes constituant les Forces armées congolaises est clochardisé, mal équipé et mal formé… »

L’ensemble de maux sus-évoqués ont conduit Jean-Pierre Bemba Gombo, ministre de la défense sortant à prendre les armes contre Laurent Désiré Kabila et à embrasser, au fil des convictions écrira-t-il dans Le choix de la Liberté, les bruits des armes contre la nation et les congolais.

Certainement, aujourd’hui, les visages des acteurs ont changé mais nous constatons la même guerre entre les mobutistes, tshisekedistes et kabilistes, embraser quotidiennement les espoirs d’une paix et d’une cohésion nationale qui aboutiraient à une véritable démocratie. De là à dire que cette instabilité est volontairement entretenue par nos dirigeants, il n’y a qu’un pas !

Pour compléter cette situation qui fragmente la société congolaise, comme la société zaïroise jadis, notre justice incapable de se libérer du joug des politiques. Le ministre de l’injustice constate l’impunité dont jouissent les politiciens et gestionnaires des offices et entreprises de l’Etat de la majorité au pouvoir. Incapable d’apporter un début de solution à une corporation qui vit de la corruption et du déni de justice, la ministre de « l’injustice » a conduit l’impunité à son paroxysme. Les membres de différents services de renseignement accumulent les violations des droits et libertés des congolais et fomentent des scénarios pathétiques contre les opposants politiques. On meurt dans les prisons de la RDC avant même d’avoir été jugé… Ce qui peut prendre des années et peut-être même jamais arrivé.

Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ! La classe dirigeante vit comme une monarchie et humilie quotidiennement le peule. Notre nation n’est qu’un zombie, sans rêve ni espoir, et semble errer dans l’abysse politique. Nous ne sommes pas crédibles et nous ne sommes pas crûs en international et ça du seul fait que nos dirigeants ne sont ni plus ni moins que de grands enfants capricieux jouant à la guerre. Du fait de l’imprévisibilité et de la légèreté de la parole donnée, personne n’accorde de crédit.

Un fait notable, la population congolaise d’aujourd’hui est moins naïve. Sortie des croyances traditionnelles et du culte de personnalité, bien qu’il y ait encore des séquelles, elle n’est pas dupe d’être le pion à sacrifier pour légitimiser les caprices des uns et des autres. Jusqu’à quand pensez-vous que ce peuple verra à travers ses smartphones les mêmes injustices se répéter ? Personne aujourd’hui n’admet le scénario abject à accuser le député national Cherubin Okende, ministre honoraire, de s’être ôté la vie après une crise cardiaque. Le mur du mensonge et de manipulation se fissure par à-coups.

Chaque jour apporte son lot de détournements des dizaines voire des centaines de millions de dollars au bénéfice des quelques individus. Alors, quand on nous indique avec effronterie que c’est Corneil Nangaa et son AFC qui empêche le développement, nous rions jaune. Nous ne devrions plus montrer les gencives mais des canines, à ces imposteurs : la république est le fruit de chacun. L’accès à la fonction publique ne devrait pas être conditionné par notre appartenance à un parti politique ; la constitution n’est pas juste un chapelet de bonnes intentions obligeant les juristes mais belle et bien la loi suprême, fondamentale, qui contraint tant les dirigeants que les citoyens.

Ces patronymes portés par des héritiers sans patrimoine propre ne sont pas plus intelligents ni plus capables que le quidam sorti péniblement de l’université grâce au pain vendu quotidiennement par une mère harassée par les dictatures politique et économique. Il n’y a donc aucune raison d’accepter qu’une lignée occupe de façon arbitraire, et pour des générations, des fonctions étatiques sans concours et objectivité.

Nous sommes à l’aube d’une véritable révolution et seuls les sourds ne l’entendent pas !

 

Tribune de monsieur Ndosimau B. Eric