RDC: la justice peut-elle atteindre les anciens chefs d'État ? (Réaction d'un juriste)

La justice peut-elle rattraper les puissants, même une fois qu’ils ont quitté les sommets de l’État ? En République démocratique du Congo, la question de la responsabilité pénale de Joseph Kabila, ancien président et actuel sénateur à vie, alimente un débat juridique et citoyen de plus en plus vif. Alors que certains estiment que son statut le met à l’abri de toute poursuite, d’autres, à l’image de Me Katolo Arsene Litsha, plaident pour une lecture stricte de la loi : nul ne doit être au-dessus de la justice, pas même un ancien chef de l’État. À l’heure où la RDC cherche à consolider son État de droit, cette interrogation prend une dimension à la fois symbolique et politique.
Me Litsha met en garde : « Si aujourd’hui, il est le seul sénateur à vie au Congo, demain nous en aurons deux, et ainsi de suite ». Cette affirmation souligne l’importance de ne pas créer une classe d’individus intouchables, même au sommet de l’État.
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Il insiste sur le fait que « les actes commis sous couvert d’immunité officielle ne peuvent rester impunis, quelle qu’en soit la raison ». La justice doit s’appliquer à tous, sans distinction, et les anciens dirigeants ne doivent pas bénéficier d’une protection indéfinie.
En ce qui concerne la compétence judiciaire, Me Litsha précise que « son juge naturel ne peut lui échapper ». La Cour constitutionnelle, selon lui, conserve sa compétence pénale même après l’expiration du mandat d’un président. Ainsi, « un ancien président de la République peut être poursuivi et jugé devant la Cour constitutionnelle, qui se limitera à prononcer les peines prévues par la loi ».
L'analyse de ce juriste donne place aux questions relatives à l’équité, la justice et la responsabilité des dirigeants en RDC.
Le sujet autour des immunités des anciens chefs d’État en RDC est donc revenu en actualité.
Ben Dibanzilua