Religion : la mission sacrée en péril lorsque l'évangile devient commerce

La parole de Dieu, censée être une lumière dans les ténèbres, se retrouve de plus en plus éclipsée par les dérives d’un évangélisme de rue devenu, dans certains cas, un véritable commerce. En République Démocratique du Congo comme ailleurs en Afrique, le message du Christ est parfois relayé non par des hommes de foi, mais par des opportunistes déguisés en pasteurs, pour qui la quête du gain prend le pas sur l’appel spirituel. Cette réalité préoccupante soulève une question fondamentale : le christianisme populaire est-il en train de trahir son essence sous le poids des intérêts matériels ?

Plutôt que de se focaliser sur l’édification spirituelle des fidèles, ces prédicateurs exploitent l’espace public — notamment les transports en commun — comme une opportunité de gagner de l’argent, sous prétexte de répandre la parole divine. La multiplication incontrôlée des églises et des pasteurs témoigne de cette dérive, où le christianisme devient, pour certains, un business lucratif plutôt qu’un engagement spirituel sincère.

L’exploitation des émotions et la manipulation des fidèles

Certains pasteurs utilisent des techniques de manipulation émotionnelle pour capter l’attention des passants et les inciter à donner de l’argent. Ils exploitent la détresse spirituelle, la pauvreté et l’aspiration au miracle pour pousser les auditeurs à faire des dons, parfois sous pression.

Il arrive même que certains se fassent passer pour des responsables d’orphelinats afin de soutirer de l’argent aux passagers.

Une prédication qui fragilise la foi chrétienne

L’attitude de ces pasteurs ambulants donne une image erronée du christianisme et décourage les personnes sincèrement en quête de vérité. Leur approche agressive, parfois intrusive, dans les bus ou les marchés, pousse certains à rejeter la foi chrétienne, qu’ils assimilent à une forme de mendicité religieuse.

Le manque de respect pour la diversité des croyances

Dans leurs prédications publiques, certains pasteurs imposent leurs idées aux passants sans considération pour la diversité religieuse. Ceux qui refusent d’écouter sont parfois qualifiés de "possédés" ou de "rebelles à Dieu", créant ainsi des tensions inutiles dans l’espace public.

Une prédication qui devrait se faire dans l'intégrité et le respect

Prêcher dans les lieux publics peut être une bonne chose, à condition que cela soit fait avec sincérité, respect et sans attente financière. Le véritable Évangile ne devrait pas être un instrument de manipulation, mais une source de transformation intérieure.

Comme le rappelle la Bible : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. »

Ce passage semble pourtant oublié par certains pasteurs, qui exigent des offrandes et menacent de malédictions ceux qui n’oseraient pas donner.

Loin de condamner la prédication publique dans son ensemble, cette réflexion met en lumière une dérive préoccupante, où certains exploitent le christianisme à des fins mercantiles. Il est essentiel de distinguer les véritables serviteurs de Dieu de ceux qui utilisent le message biblique comme un instrument de profit.

Un pasteur qui prêche dans un bus ou un marché devrait être guidé par un souci sincère d’éclairer les consciences, et non par le désir de profiter de la crédulité des auditeurs. Il revient aux chrétiens de faire preuve de discernement et de préserver l’intégrité du message de Jésus-Christ.

Rose Makengo