J’estime que j’étais trop présent entre 2018 et 2023 (Bob Elvis)
Faire de la musique c’est tout un art. Il faut se cultiver pour cultiver en retour. Il est parfois capital de prendre du recul pour mieux appréhender les choses et se ressourcer. Le mystère actuel autour de sa carrière, Bob Elvis nous en parle dans cette interview exclusive accordée à votre média.
Après votre chanson faisant référence à la RDC comme Allemagne d'Afrique et les petites piques par la suite, vous avez carrément disparu. Que se passe-t-il ?
J’estime que j’ai été trop présent de 2018 à 2023. Pour se renouveler, artistiquement, il faut se ressourcer, et pour peindre le tableau de la société comme je le fais, j’ai par moment besoin de concentration. Je fais toujours un travail de recherche comme un scientifique parce que je n’aime pas être contredis, ni par le temps ni par les faits. C’est la raison pour laquelle plusieurs de mes chansons sont « prémonitoires » et encore d’actualité.
Votre silence voudrait-il dire que tout va bien ? Ou juste une panne d'inspiration.
Ni l’un ni l’autre. Je suis juste en processus de création. On ne marque pas l’histoire dans les bruits, c’est dans le silence que pousse la forêt.
Depuis un moment le militantisme, en général, a perdu sa vigueur. Comment expliquez-vous cela ?
On ne libère pas un peuple, un peuple se libère tout seul. Le militantisme ne perdra jamais sa vigueur parce que c’est le combat de tous. Vous avez cette impression parce qu’au Congo, vous pensez que c’est un métier ou une vocation juste pour quelques-uns, or en vérité, défendre les causes devrait être une affaire de chaque citoyen. Je ne suis qu’un haut-parleur. Je ne fais que dire haut ce que mes congénères disent tout bas et je ne fais qu’éveiller les consciences et défendre nos droits, car tout ce qui est fait pour nous mais sans nous est fait contre nous.
Vous êtes un artiste engagé mais avant tout artiste. Quelle posture a plus l'ascendant sur l'autre, le militant ou l'artiste ?
Je suis Bob et Elvis, deux esprits dans un seul corps. Le premier est une vocation, le second est une profession, donc l’ascendance est plus circonstancielle que hiérarchique.
Parlez-nous de vos projets.
Comme je l’avais annoncé en janvier sur mes réseaux, je suis en train de travailler sur un projet international, ce qui justifie mon absence au pays et mon silence sur mes réseaux et dans les médias.
S'il y a une chose que vos fans et les congolais peuvent retenir de vous en ce moment, que serait-elle ?
Qu’il faudrait être concentré, conscient, déterminé, chaque jour en se réveillant, il faudrait se demander : quelle trace laisserai-je sur la terre? Quel héritage lèguerai-je à mes enfants et à mon pays après ma mort ?
Interview réalisé par Anita Muadi